BENOIT ex FORTIER 31

BENOIT ex FORTIER 31

Messagepar kikicmr » Dim 20 Nov 2022 20:31

Voici un article paru dans L'Est Républicain du jeudi 22 mars 1951 - retrouvé grâce à Limedia Kiosque - où est relaté le baptême du FORTIER 31 à Nancy (54) :



Je l'ai retranscrit :

Baptisé à l'eau bénite et au Champagne, le
“ FORTIER 31 ”
entre dans la carrière...

« Comme l'apôtre Pierre marchait sur les eaux... »


« Seigneur, bénissez ce navire et tous ceux qui l'habitent, faites les arriver jusqu'au ciel par des voies tranquilles, protégez-les comme vous avez protégé le patriarche Noé, flottant sur l'arche, comme vous avez permis à l'apôtre Pierre de marcher sur les eaux... »

L'abbé Collignon, vicaire de la paroisse Saint-Georges, ayant escaladé l'avant du « Fortier 31 » ancré au port, récite maintenant le passage du rituel romain ayant trait à la bénédiction des bateaux : « Donnez-leur le bonheur et la paix », dit-il encore, avant d'asperger de quelques gouttes d'eau bénite la proue du bâtiment neuf.

Au mât d'avant, le traditionnel « bouquet » des inaugurations frémit à chaque mouvement du bateau ; une guirlande de fanions, rejoignant la cabine de pilotage, plaque sur la grisaille d'alentour une farandole de taches claires...

M. Vadot, l'ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, disparaît dans les profondeurs du « Fortier 31 », le temps d'examiner l'emplacement des soutes, l'espace d'une minute. Il émerge bientôt à l'échelle de coupée précédent l'armateur, M. Luc Fortier, directeur de la Compagnie Fluviale qui porte son nom. Tout le monde est maintenant sur le pont : l'abbé Collignon ; la marraine de la péniche, Mme Fortier ; l'armateur et ses associés ; le capitaine du bateau, M. Pezet, impressionnant dans son pull-over bleu à col roulé, un vieux bourlingueur des rivières ; M. Courtaut, terrien aujourd'hui par la force des choses ; des employés de la maison, des invités, un photographe et un cinéaste (honni soit qui mal y pense) pour compléter ce très exceptionnel et très brillant équipage...

De l'extrême proue, on gagne la cabine en longeant les eaux.
- Vous avez le pied marin ? s'inquiète le vieux capitaine, à qui trois mioches viennent quémander, pour se la mettre au doigt, la bague de son cigare.
L'abbé Collignon fait signe que oui. Il en est à son deuxième bateau. Une poche de sa soutane engloutit la petite fiole d'eau bénite.

- Sais-tu comment on appelle cette partie du bateau ? me demande Raymond Bollaert, sans doute avec l'intention malveillante de m’embarrasser.
- ?
- ça s'appelle le « roof ». (On vient de lui souffler voici exactement trois minutes.)
Et enchaînant : « Tu vas voir, on va sûrement se déchausser ; si, par hasard, tu avais des trous à tes chaussettes... »
Manque de chance ! On ne se déchausse pas aujourd'hui. Ce sera pour une autre fois.

Un prêté pour un rendu. Avec un air passablement technicien, je lui glisse dans le tuyau de l'oreille les principales caractéristiques de la péniche :
« ça doit faire un bateau comme ça, voyons, à peu près 270 tonnes pour 1m80 d'enfoncement, 38m50 de long, 5m05 de large... »
Il est très visiblement impressionné. Encore que ces détails m'aient été confiés deux minutes auparavant par M. Luc Fortier, membre du conseil d'administration du SPNI (pour les profanes, dont je ne suis pas : le Syndicat Patronal de la Navigation Intérieure).

On descend maintenant dans la cabine où tout n'est qu'« ordre et beauté », calme, fleurs et linoléum ciré. Un regard au toit démontable de cette « marquise », sans laquelle les grands pilotes, su moins je le suppose, risqueraient la voussure du dos ou la scoliose.
Le ventre du bateau vient d'absorber, d'un seul coup, l'armateur, sa nombreuse famille et tous les invités, sauf deux, accostés à la barre de la péniche.
Dedans, il fait une chaleur de petit four. Une série d'explosions ébranle la soute. Je risque la moitié d'un œil... le champagne rit dans les verres.
C'est à M. Fortier de remercier ses hôtes et M. l'ingénieur-chef Vadot en particulier.
Il précise, pour tous, le sens d'une cérémonie corporative et familiale en même temps, l'histoire des établissements qu'il dirige, se confondant avec celle de sa maison.
Un mot pour les bateaux disparus sous le coup des bombe et des pétards, quelques précisions sur l'effort de renouvellement de la flotte...
On aborde la question des dommages de guerre appliqués aux bâtiments de la marine fluviale, de la contribution de l’État aux réparations des toits qui permet de compenser une forte moitié des dégâts mais laisse à la charge des armateurs et des artisans mariniers une importante part de l'effort...
L'éducation des enfants, à l’intérieur de la corporation batelière et la permanence du recrutement assurée par des mariages « professionnels » retiennent encore l'attention des invités.
Les verres s'entrechoquent maintenant à l'intérieur de la « coque transformable »... en bar.
Et comme il n'est pas de baptême sans elles, le plus jeune des invités, du fond de la cabine, me tient la dragée haute...

L'armateur a parlé de « l'effort courageux du capitaine actionnant le macaron du gouvernail ».
Pour qu'il n'y ait pas confusion, nous nous précipitons au dehors, à toute vitesse.
Il reste d'ailleurs à parachever cette fête d'une cérémonie profane. A faire couler le champagne sur la coque de la proue. On attache la bouteille à une ficelle ; Mme Fortier, la marraine, au milieu d'un grand concours de monde, lance la bouteille : une rigole pétillante zèbre la coque, tout le monde prend des photos et moi un film. Entendez que tout le monde sera coupé en deux et la bouteille aussi, ce qui a relativement moins d'importance.
Le « Fortier 31 » entre dans la carrière...
A Strasbourg, on en a fait 149 comme lui, 150 bateaux qui se ressemblent comme des frères.
A Strasbourg, aussi, il a « embarqué » la houille qui chargeait ses flancs le jour de son baptême, et qu'il destine, m'a-t-on dit, aux gigantesques cokeries d'Hagondange... - P.R.


La photo du nez, en plus gros :

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Re: FORTIER 31

Messagepar DEGRAVRO » Lun 21 Nov 2022 09:14

Bonjour
C'est un forge et non un SCAR
Roger
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Re: BENOIT ex FORTIER 31

Messagepar Orvanne » Lun 21 Nov 2022 09:58

En efet les 31 32 33 sont des Forges de 1951, ensuite ce sont des SCAR

Sinon FORTIER 31 - P13126F

on trouve des relevés jusqu'à 1963

ensuite BENOIT à Lallier, relevés de 1965 à 1977

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Re: BENOIT ex FORTIER 31

Messagepar Orvanne » Lun 21 Nov 2022 10:16

et le voilà en entier...tout jeune

FORTIER 31 à Carrieres sous Poissy- Photo "radar" vers 1952


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Re: BENOIT ex FORTIER 31

Messagepar kikicmr » Lun 21 Nov 2022 18:33

Super, merci Roger pur la précision, merci Guy pour les infos !
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