Ce bateau a été construit en 1888, aux chantiers d'Ehrang, à Trèves (Allemagne).
En 1949, la soudière Marcheville-Daguin fusionne avec la soudière Saint-Gobain de Varangéville pour former la société "Les Soudières Réunies de La Madeleine - Varangéville". Les flottes "MD" et "St GOBAIN" deviennent "SR", le MD11 devient SR11.
C'est le seul SR qui n'a jamais été motorisé. Pas de marquise, ni de macaron, il fallait pousser sur l'aminteau. Il possède une petite cabine à l'arrière, et un peak à l'avant.
SR11 STC888F
Le SR11 était affecté aux allèges de charbon et de coke entre le port de transbordement de la Lorraine Charbonnière à Laneuveville et l'usine de la Madeleine, ce qui se représente, d'après les PK du guide officiel de la navigation de 1965, 3,8 kilomètres et deux écluses à franchir.
Voici une lettre adressée par les Soudières Réunies au directeur de l'Office National de la Navigation de Nancy, au sujet de la création en 1964 d'une prise en charge dans les tarifs de traction, s'ajoutant au prix au kilomètre, qui pénalise fortement le transport de coke du SR11 du fait de la très faible distance parcourue :
30 octobre 1964
Monsieur Drouin
Directeur des Services de
l'Office National de la Navigation
Terre-plein du Port Sainte-Catherine
NANCY (MEURTHE & MOSELLE)
Monsieur le Directeur,
Nous avons l'honneur d'attirer votre attention sur les conséquences qu'ont
sur le coût de nos transports de coke destiné à notre soudière de La
Madeleine, les nouveau tarifs de halage de bateaux tractionnés fixés
par l'arrêté du 2 juillet dernier de M. le Ministre des Travaux Publics
et des Transports.
Comme vous le savez, notre flotte se compose de 27 bateaux : 26 automoteurs
utilisés pour le transport du calcaire de notre carrière de Villey-Saint
Étienne, et 1 tractionné.
Ce dernier - dont la devise est SR11 et qui fait l'objet d'un permis
d'exploitation n°15.149 délivré le 16 septembre 1963 - est affecté à
l'acheminement du coke des Houillères du Bassin de Lorraine, du port
charbonnier de Laneuveville-devant-Nancy jusqu'à notre usine.
L'arrêté du 2 juillet 1964 a fixé un montant de prise en charge de 130 F,
somme d'ailleurs reversée aux transporteurs publics sous forme de prime
d'aide à la batellerie.
Les transporteurs privés ne peuvent bénéficier de cette prime, et nous
croyons savoir qu'il n'entre nullement dans les intentions des
Pouvoirs Publics de modifier la situation à cet égard.
Cette prise en charge est particulièrement fâcheuse pour nous ; puisque
le coût de la traction acquitté, pour un voyage aller et retour d'à peine
5 kms, est 8 fois supérieur, par suite de la modification du tarif : il
est en effet passé de 19,70 F à 157,30 F, soit :
bateau vide 7,80 F
bateau chargé 19,50 F
prise en charge 130,00 F
________
157,30 F
Notre bateau SR11 effectuant 6 ou 7 voyages par mois, entre Laneuve-
ville-devant-Nancy et Saint-Phlin (environ 180 tonnes de coke par
voyage), il en résulte une dépense supplémentaire - sans aucune contre-
partie pour nous - qui varie entre 800 et 1 000 F par mois et représentera
une majoration de l'ordre de 10 000 F par an.
Il nous emvle que cette situtation constitue un cas limite, sinon
unique, du fait notamment que le trajet est exceptionnellement court ;
si elle devait se prolonger, il nous faudrait, dans l'avenir, envisager
pour notre coke un autre mode de transport.
Cependant, nous souhaiterions continuer à utiliser notre bateau traction-
né ; dans cet esprit, nous vous serions très reconnaissant si vous
pouviez rechercher une solution équitable qui aménerait, précisèment
en raison du caractère de cette situation, à supprimer exceptionnellement
pour nous la prise en charge que nous supportons depuis le 1er juillet
dernier.
Nous vous remercions vivement dès maintenant de ce que vous serez en
mesure de décider en notre faveur, et vous prions d'agréer, Monsieur
le Directeur, l'assurance de notre haute considération.