Les anciens l'appellent la ferme Panama. A Loivre, l'histoire de la maison de M. Vernet se confond avec celle des mariniers.
A Loivre, la maison de M. Vernet est située le long du canal de l'Aisne à la Marne achevé en 1866. Cette maison connue sous le nom de ferme Panama, était jadis un relais de l'entreprise de halage Panama. Avant l'apparition de l'énergie mécanique, les chalands en bois se faisaient tirer par une courbe de deux chevaux qui marchaient au pas le long du canal. Les bateliers s'adressaient aux agriculteurs croisés au fil de l'eau afin d'avoir des chevaux.
Par la suite, des artisans se sont spécialisés dans le halage. Nomades et sans attaches, payés au kilomètre, ils travaillaient le plus possible et étaient surnommés les Longs jours. Les mariniers les plus aisés avaient leurs chevaux. Ils les logeaient dans une cabine à l'avant de la péniche, et les faisaient monter et descendre sur un pont d'écurie étroit.
Des écuries-relais
La société Panama, créée en 1896, a installé le long du canal près des écluses des écuries appelées relais, à intervalles réguliers de 30 à 40 km, où l'on pouvait manger, boire, dormir, ferrer les chevaux et acheter des cordes. Ces relais qui ouvraient de 4 à 20 heures en été et de 5 à 19 heures en hiver, proposaient aux mariniers des équipages composés de courbes et de charretiers. Ceux-ci prenaient en charge les péniches jusqu'au relais suivant moyennant une rétribution versée à l'entreprise Panama. Le chef de relais remettait aux bateliers l'avoine des chevaux et prenait en charge la nourriture des charretiers. La Grande Guerre a interrompu cette activité. Après la guerre, l'Office national de la Navigation a organisé directement le halage. Puis dans les années cinquante, une usine d'extraction de craie s'est installée, des wagonnets circulaient sur le chemin de halage pour charger les péniches. Cette activité a cessé en 1965. La carrière rebouchée est aujourd'hui un champ de blé. M. Vernet, agriculteur retraité, est sensible au passé historique de sa maison. Rénovée avec courage et bon goût, au calme, elle se cache derrière de grands arbres. Les anciens du village l'appellent encore la ferme Panama.
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