Une usine de Corbeil soupçonnée de polluer la Seine

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CORBEIL
Une usine de Corbeil soupçonnée de polluer la Seine
Des milliers de rondelles de plastique flottent depuis une semaine sur la Seine. Cette pollution, qui touche Paris, pourrait provenir de l’Essonne. La police de l’eau enquête. | RéagirJulien Solonel (avec Benjamin Jérôme) | 25.02.2010, 07h00

Drôles de radeaux sur les eaux de la Seine.
Depuis plus d’une semaine, des milliers de rondelles blanches ont été repérées, flottant sur les eaux du fleuve, de l’Essonne aux Hauts-de-Seine en passant par Paris. Inquiets, deux écologistes ont hier remonté la piste de ces bouts de plastique jusqu’à une future usine de traitements des eaux à Corbeil-Essonnes.

Aujourd’hui, la police de l’eau doit confirmer, ou non, si ces soupçons sont fondés.

Appelées « médias filtrants », ces pièces d’un petit centimètre de diamètre sont utilisées pour purifier les eaux usées dans les stations d’épuration. Elles permettent de loger les bactéries qui mangent les pollutions. Certes utiles, elles ne devraient en aucun cas être rejetées dans le fleuve.


« J’ai repéré les premiers camemberts le 15 février, raconte Willy Goisbault, un charpentier de 32 ans, habitant une péniche à Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine). J’ai laissé une passoire dans le courant pendant vingt minutes et j’en ai ramassé plusieurs dizaines. Je dirais qu’il y a des centaines de milliers de rondelles dans toute la Seine. » Avec son voisin Renaud, Willy alerte les services de la police de l’eau. Ces derniers effectuent des prélèvements en Zodiac vendredi dernier. Ils repêchent des déchets jusqu’au cœur de la capitale.

« Nous avons constaté une pollution et diligenté une enquête. Nous avons repéré plusieurs stations d’épuration en amont de Paris qui pourraient en être à l’origine », confirme Fabien Esculier, chef de la police de l’eau. Mais les choses ne vont pas assez vite pour Renaud et Willy, qui voient toujours les bouts de plastique défiler sous leurs hublots. « Animés d’une conscience écologique », ils remontent hier la Seine pour découvrir d’où viennent les déchets. « Nous avons trouvé au moins une tonne de rondelles devant une usine en travaux du Syndicat intercommunal d’assainissement et de restauration de cours d’eau (Siarce) à Corbeil-Essonnes. C’est à coup sûr la source », assurent les deux amis. Se préparant à porter plainte pour pollution, ils dénoncent « une vraie dégradation de l’environnement. Des animaux peuvent ingérer ces déchets, qui vont ensuite se retrouver dans la chaîne alimentaire. »

La police de l’eau doit confirmer aujourd’hui si l’usine de Corbeil est bien à l’origine de l’incident et des suites juridiques à donner. Mais, précise Fabien Esculier, « cet épisode de pollution ne nuit pas directement à la santé publique mais aux autres usagers, ainsi qu’au paysage. S’il y a une quantité importante de déchets, nous devrons les retirer de la Seine ».

Contacté hier soir, Jean-François Bayle, premier vice-président du Siarce et élu à Corbeil-Essonnes, se montre plutôt étonné. « Je n’étais pas au courant de cette pollution, reconnaît le responsable. Je vais enquêter dès demain (aujourd’hui, NDLR) pour savoir de quoi il s’agit et définir si nous sommes concernés par cet incident ou non.