La Voix du Nord 21.04.2010

[ANDY]

Les bateliers ont bloqué la navigation hier à Dorignies, contre le « travail à perte »
mercredi 21.04.2010, 05:04 - La Voix du Nord
Jacques Delhay expliquait aux adjoints de Douai la raison de leur mobilisation hier, à Dorignies. | GROGNE |
Les bateliers se sont réunis hier matin, dès 6 heures, pour bloquer la navigation à Dorignies. Un spectacle impressionnant avec plus d'une dizaine de péniches amarrées les unes aux autres afin d'empêcher un quelconque passage. Remontés, ils sont bien décidés à dire stop une bonne fois pour toutes à « l'exploitation forcenée du transport fluvial ».

PAR MÉLANIE DÉMAREST
douai@lavoixdunord.fr PHOTOS ÉMILIE DENIS
« On est allé au bout des démarches administratives possibles, c'est la dernière solution et surtout la seule qu'il nous reste », regrette Didier Carpentier, responsable du collectif Nord du syndicat La Glissoire. Les bateliers tentent cette fois le tout pour le tout. Pourquoi ?
Pour ne plus « travailler à perte ». Ils dénoncent une non application du Code du domaine public fluvial et de la navigation intérieure, qui précise l'interdiction sous peine d'amende de « pratiquer un prix inférieur au coût de la prestation ». Les bateliers demandent un seuil légal de rentabilité en dessous duquel ils n'auraient pas le droit de travailler. « La loi n'est pas applicable aujourd'hui car on n'a pas de chiffres servant de seuil. Il est donc impossible d'évaluer si oui ou non nous travaillons à perte. Ce qu'on demande à l'État, c'est que les moyens soient mis en place pour rendre cette loi applicable, et surtout qu'il soit possible d'effectuer des contrôles », explique Jacques Delhay, l'un des bateliers. Le syndicat a d'ailleurs proposé de définir un seuil de légalité de Fret fluvial, s'appuyant sur l'étude réalisée par un cabinet néerlandais concernant le coût d'exploitation des bateaux de navigation intérieure. « On a proposé une tarification qui pourrait servir de base. Maintenant il faut voir si l'État est prêt à mettre les choses au clair », souligne Didier Carpentier.
Les bateliers ont décidé de bloquer la navigation à Dorignies toute la journée d'hier, pour montrer leur mécontentement et essayer de faire « avancer les choses ». Une action qu'ils sont prêts à renouveler et amplifier dès lundi si aucune nouvelle ne leur parvient du ministère d'ici là. « Cette fois on ira au bout, on en a fini avec les réunions qui ne mènent nulle part, on ne veut plus de promesses mais que les choses bougent , lance Jacques Delhay. Dès lundi, on bloquera les voies d'eau aux frontières franco-belges et sur les axes menant à Paris et au port de Dunkerque, s'il n'y a pas de réponse concrète du ministère. » Une action de la dernière chance pour les bateliers qui se battent pour s'attribuer un salaire chaque fin de mois. « En 2008, le prix était d'environ dix euros par tonne. Aujourd'hui on est à un peu plus de trois euros. On ne peut pas vivre avec ça. On finira par devoir arrêter le transport fluvial, fermer les entreprises », assure Jacques Delhay, inquiet. Certains craignent même « ne pas passer la fin de l'année ». •