les artisans bateliers bloquent l'accès au port de Lille

[ANDY]

Les bateliers bloquent encore les canaux
Publié le mardi 27 avril 2010 à 06h00

Frédéric Bertin et Yan Willart bloquent l'accès au port de Lille, sur la Deûle, depuis dimanche soir.Photo Nord éclair
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Depuis hier, les artisans bateliers ont mis en place plusieurs barrages dans la région, bloquant les points stratégiques du réseau fluvial. Ils refusent de travailler à perte, ce qui est le cas pour beaucoup d'entre eux et menace leur activité.


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MATHIEU HÉBERT > mathieu.hebert@nordeclair.fr
Yan et sa femme s'apprêtaient hier soir à passer une deuxième nuit devant l'écluse du Grand Carré, près de la Citadelle de Lille.
Avec trois autres équipages, ils bloquent ce point d'accès au port de Lille. Coincé, le pilote d'un tanker néerlandais, qui n'était pas informé du mouvement, doit prendre son mal en patience.



Navigation bloquée
entre Paris et la Belgique
Le mouvement, qui a commencé dans la soirée de dimanche, interdit toute navigation entre Paris et le Benelux (notre édition d'hier ). Les barrages, à Lille, Douai, Fresnes-sur-Escaut (près de Valenciennes) et Watten (près de Saint-Omer), interdisent tout mouvement sur le canal Dunkerque-Valenciennes, la Deûle, l'Escaut et l'entrée du Canal du Nord.
Au téléphone, les artisans grévistes prennent des nouvelles : forte dans la région, la mobilisation n'a pas pris sur la Seine. « Peut-être qu'ils ont peur, ou qu'ils ont moins de problèmes », relativise un Nordiste. Les autres coups de fil viennent des courtiers, impatients de savoir quand seront livrées leurs marchandises. « La batellerie a des problèmes depuis longtemps, mais n'a pas tellement connu de conflit. Ils croient peut-être qu'on va céder tout de suite », ironise Didier Carpentier.
Basé habituellement à Béthune, la quarantaine, ce batelier « de père en fils », comme beaucoup, s'est fait malgré lui aux relations avec la presse. Pour les caméras et les micros, nombreux hier matin, il répète inlassablement l'origine du mouvement. « Nous travaillons trop souvent à perte. C'est illégal et ça mène le transport fluvial à sa perte. Nous réclamons la définition par les pouvoirs publics d'un seuil de rentabilité » , explique le représentant régional de la Glissoire. Cette ancienne association, devenue syndicat professionnel depuis peu, a pris le nom des défenses qu'on place sur les coques des péniches pour les protéger des chocs. La défense, tout un programme pour une profession valorisée « sur le papier, mais pas dans les faits », martèle Didier Carpentier. Sur les flancs de son bateau, amarré en travers du canal, il a écrit « Travailler plus pour gagner moins », « 2010, Mort de la batellerie » ou « le fluvial, on en parle, mais on ne fait que ça »...
Avec le Grenelle de l'environnement, la promotion des alternatives au transport routier et la perspective du canal Seine Nord, on pensait le transport par voie d'eau promis à un nouvel essor. « Les courtiers nous utilisent comme des esclaves », dit un marinier qui a rejoint le mouvement.
« Des réglementations faites pour les nouveaux bateaux, plus grands, sont imposées à toute la flotte sans qu'elles soient adaptées. Ce sont des coûts en plus, poursuit Didier Carpentier. La crise, les nouveaux coûts et le manque de rentabilité (...) mènent le fluvial à sa perte.
Certains ne peuvent plus faire les investissements ou l'entretien nécessaires ». Alors pour beaucoup, ce blocage, « c'est un baroud d'honneur ». « Plus rien à perdre », glisse un autre. « Tant qu'on n'a pas de papier officiel, signé, on bloque encore », affirme Yan Willart. w